lundi 11 novembre 2013

Qui est coupable ?

Un soupçon légitime de Stefan Zweig

Résumé

La narratrice, une retraitée nommée Betsy, s’installe en campagne anglaise, près de Bath. De nouveaux voisins, Ellen et John Limpley s’installent peu après. Cet homme jovial à l’excès fait tout dans la démesure : « Parce que son coeur chaleureux, qui débordait, et donnait l'impression d'exploser sans cesse de sentiment, le rendait altruiste, il s'imaginait que pour tout le monde l'altruisme allait de soi, et il fallait déployer des trésors de ruse pour se soustraire à son oppressante bonhomie. Il ne respectait ni le repos ni le sommeil de qui que ce soit, parce que, dans son trop-plein d'énergie, il était incapable d'imaginer qu'un autre pût être fatigué ou de mauvaise humeur, et on aurait secrètement souhaité assoupir, au moyen d'une injection quotidienne de bromure, cette vitalité magnifique, mais guère supportable, afin de la faire revenir à un niveau normal. Il m'arriva souvent de choquer mon mari en lui faisant remarquer que, lorsque Limpley était assis une heure chez nous – en réalité, il ne restait pas assis, mais n'arrêtait pas de se relever d'un bond pour parcourir en trombe la pièce de long en large -, d'instinct la fenêtre s'ouvrait toute seule, comme si l'espace avait été surchauffé par la présence de cet homme dynamique qui avait en lui quelque chose de barbare. » Quant à Ellen, personnage antithétique, elle se voit offrir un chien par sa voisine afin d’être moins seule. John va alors faire de Ponto (le chien), le roi de la maison. Jusqu’au jour où Ellen tombe enceinte… Difficile de vous résumer davantage ce livre sans vous raconter la fin ; je m’arrêterai donc là !

Ce que j'en ai pensé...

En tant que lectrice inconditionnelle de Stefan Zweig, cette nouvelle (comme toutes les autres !)  me plaît énormément et je ne me lasse pas de la relire. D’ailleurs, chaque année je la donne à lire à mes élèves de troisièmes qui adorent ! (et oui, je confesse mon terrible pêché : je suis enseignante, tout comme Oph et Jo).
Un style agréable et plaisant, une histoire bien menée, du suspens ... Tout est en place pour maintenir le lecteur en haleine jusqu’à la fin. Un conseil : lisez-le sans attendre !

Ana 

lundi 4 novembre 2013

Ceux qu'on ne voit pas...

No et moi de Delphine de Vigan 

Ce n’est pas une nouveauté mais j’étais passée jusqu’à présent à côté de ce roman de Delphine de Vigan adapté au cinéma par Zabou Breitman en 2010. C’est d’abord pour mes élèves que je me suis penchée sur ce bouquin que j’ai finalement lu juste pour moi !

Résumé

Lou a treize ans et elle est en seconde. C'est une surdouée, peut-être pour satisfaire ses parents, pour qu’ils oublient enfin la tragédie familiale qui a bouleversé leur vie et qu’ils reprennent goût à la vie. Lou est la plus petite de sa classe et elle se sent seule, décalée, trop timide pour aborder Lucas, un jeune garçon un peu bohème, un peu décalé qui est dans sa classe : « depuis toute la vie je me suis toujours sentie en dehors, où que je sois, en dehors de l’image, de la conversation, en décalage […] de l’autre côté d’une vitre immense et invisible ». Un jour, elle doit réaliser un exposé pour Monsieur Marin, les exposés, ce n’est pas son truc à Lou : « j’irai voir monsieur Marin à la fin du cours pour lui expliquer que je ne peux pas, un exposé devant toute la classe, c’est tout simplement au-dessus de mes forces, je suis désolée, je fournirai un certificat médical s’il le faut, inaptitude pathologique aux exposés en tout genre, avec le tampon et tout, je serai dispensée. » Et pourtant Lou va le faire sur les sans-abris en France. Elle va dépasser sa peur et interviewer No (Nolwenn), une jeune SDF qu’elle a rencontrée sur le quai de la gare d’Austerlitz : « il m’avait semblé qu’elle connaissait vraiment la vie, ou plutôt qu’elle connaissait de la vie quelque chose qui faisait peur».

Ce que j'en ai pensé...

J’ai commencé No et moi, parce que je cherchais un de ces fameux « récits d’enfance et d’adolescence », peu convaincue et je n’ai finalement pas lâché ce petit roman tout à fait prenant. La famille Bertignac est extrêmement émouvante dans ses silences et ses pudeurs... Le père surtout qui essaie de maintenir les siens à flot. Lou, dans sa quête d’amour, de reconnaissance, dans son désir de se sentir moins « hors du cadre » est le portrait parfait de l’adolescente qui se cherche. Le roman de Delphine de Vigan n’est bien entendu pas uniquement une analyse psychologique, c’est même surtout un roman engagé, qui part d’une indignation, un roman qui parle de "cette ville invisible, au cœur même de la ville. Cette femme qui dort chaque nuit au même endroit, avec son duvet et ses sacs, A même le trottoir […] Un jour, on commence à les voir. Dans la rue. Dans le métro. Pas seulement ceux qui font la manche. Ceux qui se cachent". 

Jo 


samedi 2 novembre 2013

Les déboires du ménage à trois...


Ta femme me trompe de David di Nota

Résumé

Le narrateur, un journaliste en manque de gloire, doit faire un article sur une actrice pornographique, Claudia, reconvertie au Christianisme. Dans l’hôtel dans lequel loge le narrateur, son voisin de palier va lui faire une proposition pour le moins inhabituelle : il lui propose de… visionner des films pornographiques dans sa chambre ! Dès le début, le livre annonce la couleur : dérision et légèreté. Après avoir été cherché son linge chez sa mère, le narrateur rencontre au Super U du coin une femme, une inconnue,  qui lui affirme que son mari est à l’hôpital et LE demande : « Son mari s’était fait renverser par une voiture en revenant de l’aéroport, et le Samu avait tout fait pour soulever cet homme encombrant dans le portefeuille ensanglanté duquel on avait retrouvé une carte de visite, la mienne […] comme son nom ne me disait rien, elle sortit sa photo et, je n’eus aucun mal à reconnaître mon voisin de palier à l’hôtel Hessner ». Le narrateur va alors rencontrer le mourant et faire plus ample connaissance avec sa femme …

Ce que j'en ai pensé ...

J’ai craqué sur le titre du livre ! C’est d’ailleurs pour cette raison que j’ai acheté cette œuvre qui n’est malheureusement pas à la hauteur de son titre. Les chapitres sont très courts : une ou deux pages. A chaque fois, notre grotesque narrateur (qui donne encore le linge à sa mère !) semble subir ce qui lui arrive. Les scénettes sont par moments tellement farfelues et tordues qu’on s’y perd… (Connaissez-vous beaucoup de personnes qui vous invitent à mater des films pornos ?! ou bien , une femme qui vous cherchait sans vous connaitre, vous retrouve dans un supermarché ?!) En revanche, les histoires farfelues de notre « héros » sont tellement absurdes qu’elles nous font bien rires. Ce n’est donc  pas une œuvre marquante pour le monde de la littérature, mais un livre qui vous divertira. Et puis, qui sait, peut-être que VOUS avez déjà vécu cela ?!