
Au lieu-dit Noir-Etang
… de Thomas H. Cook
Résumé
« Sur mes vieux jours et en semi retraite, j’ai finalement atteint
une époque de ma vie où jamais je n’aurais cru repenser à elle. Jusque là, les
années avaient passé sans que rien ou
presque ne la fasse rejaillir dans ma mémoire. »
Elle, c’est Elisabeth
Channing, jeune femme libre et indépendante qui débarque à Chatham, petite
ville de Nouvelle-Angleterre en 1926 pour y enseigner les Arts plastiques dans
l’école tenue par le père du narrateur, Henry. Dès qu’il la voit, Henry est
fasciné par cette belle femme au caractère indépendant qui dépareille tellement au
milieu des autres enseignants de la petite école. Mlle Channing vit seule dans
un cottage au milieu des bois, marche pieds nus dans l’herbe et porte en elle
un parfum d’exotisme rapporté de ses lointains voyages. Petit à petit Henry
constate que son professeur se rapproche de M. Reed, un autre enseignant, marié
et père de famille.
Jusqu’où peut-on aller par amour ? Que peut-on faire
par soif de liberté ou par désespoir ? Comment un élève fasciné par une
figure professorale peut-il engendrer un drame ? Ce sont les questions
lancinantes qui nous portent tout au long de l’intrigue jusqu’au dénouement
tragique qui se noue au lieu dit Noir-Etang.
Ce que j'en ai pensé...
C’est bien simple j’ai dévoré ce
roman à mi-chemin entre roman policier et roman noir anglais. On retrouve une
ambiance digne des sœurs Brontë : un phare isolé, des falaises battues par
les vents, des forêts brumeuses et humides, un étang lugubre... La narration est habilement
menée : le narrateur, aujourd’hui âgé, revient sur un épisode tragique de
son enfance pour essayer de se pardonner et tacher de comprendre ce qui s’est
passé, comment les choses ont pu déraper ainsi. Henry capte notre attention à
l’aide de nombreuses anticipations : « il
ne pouvait imaginer à quel point la suite des évènements le contredirait, ni à
quel point j’en aurais éminemment conscience ».
Dès le début le lecteur comprend
que Mlle Channing est au cœur du drame. Mais est-elle victime de l’étroitesse
d’esprit de cette petite ville ou bourreau ? Voilà ce qui reste à
déterminer. On ne lâche pas le roman avant de savoir le fin mot de cette
histoire d’amour terrible. L’issue glaçante ne peut laisser le lecteur
indifférent et on continue à s’interroger sur cette idée du Mal qui introduit
l’intrigue : Mlle Channing a-t-elle véritablement mal agi ?
Méritait-elle son sort ?
Jo